Béton et fruits toute l’année en terres arides
Avec sa forêt de gratte-ciels et son tiers de population étrangère, Benidorm a tout d’un Las Vegas européen. Comme un symbole, une fausse exception de la désertification de l’ensemble des zones méditerranéennes.
Cette station balnéaire espagnole reste la façade de carte-postale d’une région, et a fortiori d’un pays, qui gagne peu à peu en aridité. Ses terrains de golf verdoyants sont la cause d’une bonne part de sa consommation en eau : 1 million de litres par jour selon certains chiffres, une véritable aberration écologique… Le prix peu élevé de l’eau – alors qu’elle manque –, facilite sans l’encourager une partie de ce gaspillage massif dont industriels et particuliers sont les auteurs.
Que dire du cas de la Murcie ? Dans ce qui est la plus petite communauté autonome d’Espagne, les agriculteurs vous diront que plus rien de pousse…cette absence de vie de la terre n’étant que l’un des maillons d’une grande chaîne de la désertification. Les autres s’appellent réduction du nombre d’arbres – certains étant sacrifiés pour que d’autres puissent survivre –, des réserves d’eau – victimes de la multiplication des puits illégaux –, du nombre d’habitants – ne pouvant plus cultiver la terre et grossissant désormais les rangs d’une migration devenue importante de l’intérieur du pays vers ses côtes.
Les côtes ont fini par être touchées depuis quelques années. A Almeria, en Andalousie, les serres à perte de vue du potager de l’Europe sont victimes du pompage massif des nappes d’eau douce. Le niveau de ces dernières est parfois tellement bas que l’eau de mer s’y infiltre, ce qui représente un danger important pour la fertilité des terres.
La solution des autorités ? des projets d’usines de désalinisation d’eau de mer. Mais ceux-ci sont-ils une solution rentable pour pallier le problème de pénurie ? Le modèle de production qui permet d’avoir des fruits se saison toute l’année vaut-il ce sacrifice ?
Pâturages, érosion et pénurie d’humus
Autres latitudes, autre désert. L’Islande ne compte aujourd’hui plus que 1% de surface de forêt, quand les arbres recouvraient le quart du territoire avant son peuplement au IXème siècle.
Contrairement aux contrées ibériques, cette grande île ne manque pas d’eau. Un paysage lunaire occupe pourtant la majeure partie de son territoire, jusqu’au plus près des côtes.
Là où il y avait autrefois des forêts de bouleaux, rasées selon la légende par la conquête viking, là où il y avait des pâturages, il y a aujourd’hui un vaste désert.
Ce sont, là encore dans une sorte de chaîne dont les maillons s’entremêlent, le manque d’arbres, le climat – venteux et pluvieux – et l’érosion, le pâturage et la réduction de l’humus qui ont contribué à cette désertification.
L’humus, c’est cette couche de 20 à 30 centimètres qui constitue la surface du sol et qui conditionne sa fertilité. Sans ce mélange de matière organique décomposée, de minéraux dégradés et d’insectes fouisseurs, rien ne peut pousser.
Or, en Islande, deux causes ont été à l’origine de sa grande fragilité. Tout d’abord le pâturage libre, dans un pays où la culture de l’élevage ne connaît pas les clôtures. Impossible donc de protéger une parcelle en vue de sa recomposition. Les jeunes pousses, broutées et rebroutées, ont fini par ne plus repousser. En outre, le vent et la pluie, caractéristiques du climat islandais, ont contribué à dégarnir le sol, repoussant l’humus vers la mer.
L’état des lieux est édifiant. Les choses ne sont cependant pas irréversibles. Les Islandais ont pensé des solutions afin de préserver leur terre de conséquences écologiques et climatiques dommageables. La première a été de planter des arbres. Des arbustes bas, comme entre autres des bouleaux nains, et des conifères, près de 4 millions à ce jour pour ces derniers. Une autre solution écologique a été d’étendre de la paille sur les pâtures, sous laquelle l’humus se régénère progressivement à l’abris de l’appétit des troupeaux. Un travail de longue haleine, certes…comme l’a été le processus de détérioration.
Plus au sud, il faut compter avec la logique financière du tourisme de masse. L’enjeu est ici celui du développement durable, équilibré sur les plans écologique, économique, et social.
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